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Le chantier de l’usine de Ford mis sur pause

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Signe qu’il y a du sable dans l’engrenage, le maître d’œuvre de la construction, AtkinsRéalis (anciennement connue sous le nom de SNC-Lavalin) a annoncé à ses sous-traitants, lundi, des changements abrupts qui les attendent.

« Nous vous demandons de bien vouloir suspendre, de façon sécuritaire et en minimisant les coûts en résultant, l’exécution des travaux de sous-traitance jusqu’à ce que vous receviez de nouvelles instructions », écrit la firme d’ingénierie québécoise, dans une missive que La Presse a pu consulter.

La multinationale québécoise précise au passage que son contrat n’a pas été renouvelé pour des « raisons indépendantes de [sa] volonté et non liées à [sa] performance ». Elle ajoute que des « instructions supplémentaires » seraient « communiquées dans les prochains jours ». Dans une déclaration envoyée par courriel, l’entreprise assure que la « démobilisation » se fera de manière « professionnelle ».

Annoncée en août dernier par AtkinsRéalis, cette entente entourant les « travaux initiaux » (conception initiale et gestion de projet) était d’une valeur d’environ 140 millions pour l’entreprise. Il s’agissait de son premier contrat du genre dans la filière des batteries au pays. Le président et chef de la direction de la firme montréalaise, Ian Edwards, s’était même déplacé en Mauricie dans le cadre de la conférence de presse officialisant le projet.

Question de procédé

Estimée à 1,2 milliard, l’usine de cathodes – le pôle positif d’une batterie lithium-ion que l’on retrouve dans les véhicules électriques – est le fruit d’un partenariat entre Ford et les sociétés coréennes EcoPro BM et SK On. Au moment d’écrire ces lignes, les promoteurs n’avaient pas répondu aux questions de La Presse envoyées par courriel.

Québec et Ottawa ont été prévenus des changements de Ford, EcoPro et SK On. Dans une déclaration, le gouvernement Legault a affirmé que ce pas de recul du constructeur automobile américain et de ses partenaires visait à « analyser la meilleure option technologique ». Le ralentissement serait donc imputable à la manière de concevoir les cathodes, qui représentent environ 40 % du coût d’une batterie.

« On l’a dit à de nombreuses reprises, les producteurs de cathodes vont ajuster leurs installations au fur et à mesure que la chimie de la batterie va évoluer », indique le cabinet du ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon. « Bécancour reste un site de choix pour les producteurs de cathodes. »

Les deux ordres de gouvernement avaient déroulé le tapis rouge pour séduire le géant à l’ovale bleu en accordant une aide totale de 640 millions, divisée en parts égales. Une partie de l’aide de Québec doit s’effectuer par l’entremise de prêts-subventions. Il ne peut y avoir de conversion pour le moment, étant donné que les promoteurs ne respectent pas les seuils d’emplois et d’investissement, notamment.

Plus tard

L’usine, qui devait être opérationnelle en 2026, devait créer quelque 345 emplois, en plus de produire annuellement 45 000 tonnes de matériaux actifs de cathodes par année. Cet échéancier sera repoussé d’au moins un an, d’après ce qu’a laissé entendre le chef de la direction d’EcoPro, Song Ho-jun, en marge de l’assemblée annuelle de la multinationale sud-coréenne, le 28 mars dernier. Cité par le quotidien The Korea Times, l’homme d’affaires avait ouvertement évoqué des retards, sans toutefois préciser d’échéancier. Un projet qui prend du retard voit généralement sa facture grimper, notamment en raison de l’inflation.

Dans le parc industriel et portuaire de Bécancour, un terrain de 280 000 mètres carrés (3 millions de pieds carrés) doit accueillir l’usine de cathodes. Ce chantier est situé au nord de l’autoroute 30, face à celui de la coentreprise formée par General Motors (GM) et POSCO – l’autre grand projet d’usine de cathodes en territoire québécois. La mise en service de ce complexe d’au moins 600 millions de dollars est prévue l’an prochain.

Le projet québécois de Ford n’est pas le seul à être confronté à des imprévus. À Oakville, en Ontario, le géant de l’automobile a annoncé, le 4 avril dernier, que la production de véhicules électriques serait retardée à 2027. Québec affirme que ce qui se passe à Bécancour n’a rien à voir avec cette décision.

Aux États-Unis, Ford a également mis la pédale douce en retardant des projets milliardaires dans le créneau de l’électrification, notamment au Michigan. D’autres acteurs de l’industrie ont eux aussi annoncé des décisions similaires. Cela n’a toutefois pas empêché Honda d’annoncer un investissement de 15 milliards en Ontario, la semaine dernière, pour construire quatre usines, dont une pour l’assemblage de véhicules électriques.

Référence : https://www.lapresse.ca/affaires/entreprises/2024-04-30/filiere-des-batteries-a-becancour/le-chantier-de-l-usine-de-ford-mis-sur-pause.php

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