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La relève féminine à la tête de l’usine

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C’est la veille de Noël, à la fin de l’année 2006. Au cœur du tout petit village de Milan, non loin de Lac-Mégantic, un incendie ravage l’usine de Maison Usinex. Une perte totale évaluée à plus de trois millions de dollars.

«C’était impressionnant et décourageant, admet aujourd’hui le président de l’entreprise, Raymond Morin. Mais on n’est pas du style à abandonner. On se relève et on fonce. Tout le monde a proposé son aide.»

 

Ça ne s’invente pas: l’agent représentant la compagnie d’assurances portait le nom de famille... Laflamme.

«Le 25 décembre, M. Laflamme s’est présenté sur le terrain. Tout aurait pu être compliqué, mais c’était beaucoup plus simple que je ne l’avais imaginé, malgré quelques pépins dans la construction. Il y a eu des erreurs dans la base de la fondation, ce qui a créé des retards, mais dans toute cette histoire, on a livré toutes les maisons à la date promise, même celles dont les modules ont brûlé.»

 

En août 2007, la direction et toute la communauté inauguraient la nouvelle usine.

«En rebâtissant, on a pu penser à l’avenir et se mettre à jour», affirme Geneviève Morin, fille de Raymond et aujourd’hui directrice générale de l’entreprise.

 

Près de 20 ans plus tard, l’entreprise familiale peut mesurer tout le chemin parcouru depuis les débuts, en 1992.

Six frères de Milan sont partis de rien. Réjean Morin est l’aîné de la famille. Ensuite, Christian, Raymond, Guy et Gilles. Le cadet? Luc.


«On travaillait ensemble dans une usine dans le coin de Farnham et à mes débuts dans la construction, on a eu l’idée de démarrer une entreprise», se souvient Raymond Morin.

Il était dans la vingtaine quand ils ont fondé au milieu des années 80 une première entreprise à Milan, Uni-Toit. «Ça se passait bien, donc on a lancé Usinex en 1992 pendant que d’autres compagnies de maisons usinées fermaient leurs portes en raison du taux d’intérêt très élevé : autour de 15%. On ne bénéficiait d’aucune aide financière, ce n’était pas facile! Il fallait jouer du violon. Mais commencer dans un creux de vague aura été une bonne chose. On était prêt ensuite pour les bonnes années.»

Une maison aux quatre jours

L’objectif de l’entreprise lors du démarrage: construire une trentaine de maisons par année à l’intérieur de l’usine.

«On a rapidement atteint la centaine en cinq ans environ et avec les années, les maisons grossissent! On travaille presque toujours sur quatre maisons à la fois, qui roulent dans l’usine d’une station à l’autre, et on en sort une aux quatre jours!» lance Raymond Morin.

 

Geneviève occupe maintenant le poste de directrice générale. Sa sœur Caroline est responsable des technologies de l’information et de la planification alors que leur mère est toujours impliquée dans la comptabilité.

«Geneviève voulait être designer de mode et elle a plutôt dessiné des maisons au lieu des robes finalement», raconte Raymond Morin

«En travaillant dans mon bureau, elle a appris certaines choses et a eu de l’intérêt pour le domaine. Les quatre filles ont étudié dans des domaines différents, mais reliés à l’entreprise, sans nécessairement étudier en gestion. Elles ont toujours eu la fibre entrepreneuriale et du leadership.»

Leurs cousines Marie-Pier et Véronique, les filles de Christian, occupent également un rôle au sein de la direction, en comptabilité et aux achats, tout en étant également copropriétaires de l’entreprise.

«Les entrepreneurs ont tous les mêmes défis, dans tous les domaines, mais de différentes façons, estime Geneviève Morin. Ça prend du courage pour faire face à tous les défis. On s’entoure des bonnes personnes, des bons professionnels. On n’est pas seuls non plus. Je peux compter sur mon père, ma sœur, mes cousines.» 

L’unité est la clé. «On ne s’entendait pas si bien durant notre enfance ma sœur et moi comme dans de nombreuses familles et finalement, on se complète si bien. Ce serait facile d’avoir des différends entre sœurs par exemple en gérant l’entreprise, mais on se respecte, on communique et on travaille avec humilité en connaissant les forces de tout le monde.»

L’enjeu de la COVID

Comme toutes les entreprises, Maison Usinex a dû faire face à la pandémie et l’entreprise admet en être sortie gagnante.

«C’était un bel enjeu. On a fermé pendant un mois, on a pu livrer à temps toutes nos maisons, le carnet de commandes s’est rempli aussitôt. On a vu une explosion et on a dû s’adapter. Tout est arrivé rapidement et on a dû restructurer l’entreprise en revoyant le processus pour faciliter le calendrier et être plus rapide», informe la directrice générale.

«La demande était tellement grande, ajoute Raymond Morin, les prix ont grimpé aussi, mais on a livré les contrats au même prix qu’avant la hausse du coût des matériaux. On a respecté nos clients et nos fournisseurs.»

Le respect forme la base de la philosophie d’entreprise de Maison Usinex. Le respect des clients, mais aussi, des fournisseurs.

«Il n’y a rien de mieux que dire la vérité, respecter son monde et donner l’heure juste. Ça nous revient tout le temps. On a eu de bons partenaires aussi, ce qui permettait d’augmenter de croître en prenant des risques et en mettant beaucoup d’heures dans l’entreprise», termine le président de Maison Usinex.

Pas besoin des États-Unis

Avec la baisse des taux d’intérêt, l’économie semble favorable pour Maison Usinex.

«Il y a des gens qui avaient mis leurs projets sur pause et avec la baisse des taux, ça les rassure et ils continuent de foncer.»

Maison Usinex a déjà vendu aux clients américains, mais depuis le 11 septembre 2001, l’entreprise estrienne a préféré se concentrer sur le Québec et le Canada.

Même les fournisseurs proviennent de la région.

«Presque tous nos matériaux viennent du Québec. Les fenêtres, de Lac-Mégantic. Le bois, de la Beauce. Nos grossistes sont à Sherbrooke sinon.»

 

Et la guerre tarifaire avec les États-Unis, elle?

«On aurait pu se dire qu’une autre affaire arrivait, mais on réussit toujours à avancer et à faire face au défi une fois que l’on doit traverser le pont, explique Raymond Morin. Sinon, on tente de prévoir le coup ou on s’adapte aux changements. Pour l’instant, ça ne nous touche pas nécessairement encore.»

«Quand on n’a pas de problème à régler, bien souvent, c’est parce qu’on n’avance pas!»

—  Raymond Morin

Une affaire de famille

Les parts des frères Guy, Luc et Gilles ont été rachetées par la relève, qui a choisi de délaisser le service du transport et de la construction des fondations pour se concentrer sur la production en usine.

Aujourd’hui, l’usine roule à fond de train et compte soixante employés en plus de profiter d’une belle notoriété dans le monde des maisons usinées.

Raymond Morin confirme la spécialisation. «Avec la retraite de Christian et Réjean, on est soudainement moins, donc on se concentre sur ce que l’on maîtrise plus facilement, tout en faisant appel à la sous-traitance pour la fondation et le transport, soutient le président. Dans mon cas, j’ai 67 ans, j’aime ça encore et je suis avec mes enfants tous les jours!»

Étant déjà dans l’entreprise, le défi des quatre nouvelles actionnaires était de se positionner comme gestionnaire.

«C’était différent, en ayant les mains sur le volant, renchérit pour sa part la directrice générale. On souhaitait diversifier nos segments des affaires avec le résidentiel en vendant directement aux clients, mais aussi aux investisseurs e aux entrepreneurs qui souhaitent développer à plus gros volume, avec du multilogement par exemple. On fait donc également des maisons en rangées et des édifices à logements.»

Avec les petits-enfants qui grandissent, une troisième génération s’impliquera bientôt dans l’entreprise.

«Ça fait de beaux emplois d’été, constate Geneviève Morin par expérience. Ma grande fille de 18 ans étudiera bientôt en gestion et en comptabilité puis même mes deux autres enfants veulent aussi travailler un jour pour la compagnie.»

«Son plus jeune veut d’ailleurs mon siège, celui de président!» lance Raymond Morin en riant.

 

 

Référence: https://www.latribune.ca/affaires/la-tribune-affaires/2025/05/31/la-releve-feminine-a-la-tete-de-lusine-YGT5ZYTSFREUDMGELPEXSSO4OA/

 

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