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L’usine de transformation Fruits de mer de l’Est ferme à Matane

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Par voie de communiqué, l’entreprise Royal Greenland, qui détient l'usine, indique que cette décision difficile est due à plusieurs facteurs, notamment la diminution de l’approvisionnement des matières premières de base, le manque d’employés et les défis financiers croissants.

Selon l'entreprise, 55 travailleurs locaux perdent leur emploi, 30 à la production et 25 à l'administration, au contrôle de la qualité ou comme contremaître. À ce nombre s'ajoutent les quelque 150 travailleurs étrangers temporaires qui étaient attendus pour le début de la saison du crabe, qui doit s'amorcer sous peu.

Les visas de la discorde

L'industrie de la transformation des pêches mettait la pression sur Ottawa depuis quelques semaines afin d'obtenir une dérogation pour que les travailleurs mexicains, qui doivent désormais obtenir un visa pour entrer au pays, puissent venir travailler dans les usines de transformation des produits marins. Le gouvernement fédéral a fermé la porte à cette possibilité la semaine dernière.

On a dépensé des dizaines de milliers de dollars en billets d'avion, pour des permis de travail, pour des autorisations de vols électroniques pour faire venir nos travailleurs. On a payé des firmes spécialisées en immigration pour faire tout ce travail-là pendant tout l'automne et tout l'hiver. Tout cela est jeté à l'eau, lance visiblement amer le président de l'usine, Jean-Pierre Chamberland.

Il ne croit pas qu'il soit envisageable de reprendre les activités l'an prochain, puisque la cinquantaine d'employés locaux auront probablement trouvé des emplois ailleurs.

Ils vont aller ailleurs. Nos pêcheurs eux sont dédiés ici, mais une fois qu'on n'opèrera pas, ils vont livrer dans d'autres usines. Ils s'en vont ailleurs. Imaginez l'année prochaine si on recommence au mois de mars et qu'on dit : "Des travailleurs, on en a plus", explique M. Chamberland.

Baisse importante des stocks

Si le dossier des travailleurs étrangers a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase pour Jean-Pierre Chamberland, c’est surtout la crise que vit actuellement le secteur de la crevette et plus largement des pêches qui a précipité la fermeture de l’entreprise.

Il n'y a plus de crevettes. On s'attendait au mieux à faire 500 000 livres de crevettes cette année. Imaginez. En 2008-2009, on avait produit 15 millions de livres de crevettes pendant la saison. Qu'est-ce que c'est 500 000 livres pour une usine moderne comme celle-là ? C'est 8 à 10 jours de production. Gardez-vous des gens pour 8 à 10 jours, en leur disant après c'est fini ?, ajoute Jean-Pierre Chamberland.

L'usine transformait majoritairement de la crevette, mais faisait aussi venir du crabe à grands frais pour le transformer. C'est des coûts, c'est beaucoup de coûts, lance Jean-Pierre Chamberland.

Le homard vivant se vend actuellement sur le marché plus cher que le homard transformé. Le homard transformé qu'on aurait produit, on le vendrait à perte. En bas du coût de production. Mettez tout cela ensemble, les travailleurs étrangers qui ne sont pas là, les quotas de crabe et de crevettes qui baissent, c'est une usine qui n'est pas profitable, précise le président.

Une onde de choc à Matane

La nouvelle a causé une onde de choc à Matane. C’est une triste nouvelle pour Matane, estime le maire, Eddy Métivier.

Il y a beaucoup de retombées économiques avec cette usine. C’est sur les pêcheurs, mais aussi les fournisseurs d’équipement et d’entretien pour cette usine qui était quand même à la fine pointe. C’est vraiment décevant. Pour Matane, c’est une triste nouvelle, a ajouté M. Métivier, qui compte voir comment la ville peut accompagner les employés licenciés.

C’est un impact majeur, c’est un symbole identitaire majeur pour Matane depuis plusieurs décennies.

Une citation deEddy Métivier, maire de Matane

Le député de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé pense que d’autres entreprises pourraient fermer en raison de la crise actuelle.

C’est triste, mais on comprend ce qui se passe dans l’industrie des pêches et je pense qu’il y a d’autres usines qui vont vivre des difficultés similaires, dit le député de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé.

C’est un deuil aujourd’hui pour une usine qui représentait essentiellement le lien qu’on avait avec la crevette. Le festival avait disparu, mais la marque de crevette de Matane existait. C’est une page importante de l’histoire de Matane qui se tourne aujourd’hui, a même renchéri Pascal Bérubé.

Quand on regarde les raisons évoquées, elles sont très fédérales. L’approvisionnement, c’est sûr que les quotas ont joué, les coûts d’exploitation de telles entreprises et puis aussi, les visas mexicains. Ça a fait déborder le vase et ils ont pris une décision irréversible, ajoute Pascal Bérubé.

Le député pense que des repreneurs pourraient être intéressés, mais qu’il faudra modérer les attentes alors que l’industrie des pêches vit des jours sombres.

L’industrie de la pêche, ça va être difficile pour les prochaines années. Partout, ajoute Pascal Bérubé.

Ottawa et Québec réagissent

Se disant solidaire des travailleurs touchés, la ministre fédérale des Pêches et des Océans, Diane Lebouthillier, a émis une déclaration appelant à une réflexion sur le monde des pêches.

La crise climatique, elle est réelle et ses effets se font déjà ressentir dans nos écosystèmes marins. La crevette en est victime, mais d’autres espèces sont appelées à vivre des perturbations similaires au cours des prochaines années.

De son côté, le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec, André Lamontagne, s'est dit préoccupé par la situation. Ce qui est attendu maintenant du fédéral, ce sont des actions concrètes pour nos régions côtières. L'industrie de la pêche est vitale pour l'Est du Québec.

Référence : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2058060/peche-crevette-crave-travailleur-etranger-mexicain

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